23 Juin 2009
Depuis la lecture de "Kafka sur le rivage," Haruki Murakami ne me lâche plus. Un des courts récits de "Après le tremblement de terre" m'arrache en cette fin d'après-midi au bleu trop vif d'un ciel normand d'ordinaire habité par plus de nuances et de préciosité.
Murakami y parle d'une pierre, celle-là même qui hante presque tous ses récits et qui, depuis peu de jours, semble avoir choisi mon corps pour y prendre racine. Est-elle noire ou blanche, lourde de son granit ou légère de sa lave, je ne sais, tant elle change, se resserre ou se déploie au fil de mes heures selon que je trace un trait sur une toile, tente de faire prendre encre à une idée ou m'efforce de sourire lorsque j'espère que la main de Marie dans l'Annonciation de Van der Weyden pourrait soudain s'abaisser vers moi et tendrement apaiser ma tristesse, mon inquiétude.
N'est-ce pas d'ailleurs une des rares Annonciations où, encore et malgré tout humaine, elle semble marquer une hésitation, une inquiétude ? N'esquisse-t-elle pas un refus tant ce qui sera accompli sera effroyable ? "Je suis venu te jouer un tour, dit l'Annonciateur aux ailes insuffisantes, le noir de ton manteau de deuil est encore bien précoce, le rouge de ta couche clame la fin de toutes les innocences et dans ce livre que tu tiens tu pourrais déjà lire tous vos avenirs accomplis...