les filets du silence

Un silence s'était installé comme si le voeu de se taire ou de se terrer avait été prononcé. Les embrouillaminis du quotidien, des entours perturbateurs, prenant le pas sur l'écriture ou la peinture, ce silence s'imposait. Il prétendait ne relever d'aucun rituel si ce n'est celui où le principe de réalité prend le pas sur celui de plaisir.
A ces mots, vivement Spinoza s'ébaubirait qui affirmait pour la première fois aux temps modernes que notre réalité, celle de notre être doit se bâtir sur ou tendre vers le plaisir de durer, vers la joie d'exister.

Silence de l'être donc pour qu'exister demeurât un choix raisonnable. Revenir à soi après cette longue traversée est une joie prudemment vécue. L'espace à parcourir est aujourd'hui réel : c'est celui qui sépare cette photographie prise voici de nombreuses années dont, par un oubli sans doute analysable, je n'arrive plus à précisément situer le lieu de cette journée normande ancrée dans une fin d'hiver. France ou Afrique ? Sans doute un bord de mer, plus probablement en Gironde. Le souvenir prégnant est l'immobilité, la sérénité du lieu, son espace inachevé, vaguement ancré dans une mer anonyme. Mes initiales y sont gravées ainsi qu'une date irrespectueuse de la vérité du temps.
Derrière les filets, un homme passe et s'incline. Est-ce vers un homme connu ou un dieu inconnu ?

Comments

[anne claire]

Très joli récit.